Sébastien delogu : Malgré les menaces je continuerai à défendre Gaza
Il vient de Marseille, a conduit des taxis, dormi dans sa voiture, et aujourd’hui, il siège à l’Assemblée nationale. Sébastien Delogu, député de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône, était en Tunisie pour une visite aux allures à la fois politiques et personnelles.
Figure libre et tranchante de la gauche radicale, il s’est confié au micro de Mosaïque FM. Un entretien sans langue de bois, entre engagement, mémoire oubliée et lutte contre l’extrême droite.
Cette visite officielle s’inscrit, en effet, dans un tour des pays d’Afrique du Nord pour battre toutes les idées de l’extrême droite, selon Delogu, qui dit vouloir voir ce qui se passe de l’autre côté de la Méditerranée.
« Je me déplace en tant que député de la nation française, pour apprendre et combattre les idées de l’extrême droite », affirme-t-il d’entrée.
Si ce déplacement est politique, il est aussi profondément personnel. Delogu raconte l’attachement particulier qu’il entretient avec la Tunisie, forgé dans son enfance au contact de familles tunisiennes vivant dans son quartier.
Un lien affectif renforcé par une histoire méconnue qui l’a marqué : celle de Habib Ben Amor, le père de son ami, immigré tunisien à Marseille, qui aurait retrouvé la célèbre gourmette de Saint-Exupéry sans jamais être reconnu. Pour lui, cette injustice illustre les oublis de l’Histoire. À travers sa visite, le député français espère réparer, symboliquement, une forme de mémoire effacée.
Ce déplacement a aussi été l’occasion pour Delogu de mesurer l’écho de son engagement de l’autre côté de la mer. Il affirme avoir été surpris par la chaleur de l’accueil, notamment dans les quartiers populaires où sa notoriété semble dépasser les frontières. Une reconnaissance qui le touche, mais ne détourne pas son attention de ses combats politiques.
À l’Assemblée nationale, rappelons-le, ce député s’est fait remarquer par sa parole libre et son soutien sans réserve à la cause palestinienne, allant jusqu’à brandir le drapeau palestinien dans l’hémicycle.
Un geste qui, selon lui, reflète la douleur d’une partie des Français face à la position de leur pays sur le conflit à Gaza. Il déplore une complicité silencieuse face au génocide en cours.
Défendre la Palestine, dit-il, n’est pas un acte idéologique, mais un devoir d’humanité. Il reconnaît que cet engagement lui a valu des menaces, mais affirme qu’aucune pression ne le fera reculer.
Delogu revendique pleinement son style direct, ses prises de position fortes et son engagement de terrain. Ancien sans-abri, il défend une politique fondée sur l’expérience vécue, en opposition à celle des élites qu’il juge déconnectées des réalités.
D'ailleurs, quand on le traite de « showman », il assume : selon lui, parler avec ses tripes est le seul moyen d’être entendu par ceux qui se sentent abandonnés.
Pour conclure l'interview, l'invité d'Ismaïl Ben Aissa a déclaré qu'il prépare actuellement un livre, dont les premières pages seront consacrées à la Tunisie, reflet de cette passerelle qu’il tente de bâtir entre les peuples.
Quant à l’avenir de La France Insoumise, mouvement régulièrement secoué par des tensions internes, il reste confiant et déterminé à poursuivre son engagement en son sein.
Dorsaf Lâameri